Les étiquettes des viandes changent… Enfin moins de transparence!

À partir du 13 décembre, les étiquettes du rayon viande en libre service (bœuf, veau et agneau) changent.

« Afin de mieux informer le consommateur, il sera permis de regrouper certains morceaux de viande sous une même dénomination générique » à la place du nom précis, par exemple : poire, merlan, araignée, aiguillette deviennent tous des steaks.

Donc pour mieux informer le consommateur, on supprime des informations et on ajoute un flou artistique sur les étiquettes.

La simplification n’est qu’un prétexte

L’argument de la simplification pour le consommateur n’est qu’un prétexte. Le législateur pouvait faire le choix de maintenir le nom exact des morceaux (poire, aiguillette…) mais indiquer en plus sa catégorie (steak, rôti…) et le mode de cuisson (à griller, à cuisiner…).

Ce nouvel étiquetage a été obtenu suite à un lobbying très efficace des industriels de la viande auprès des services publics de la consommation (DGCCRF). Un seul objectif : vendre à tout prix ! C’est certainement une des raisons pour laquelle ils qualifient la réforme « d’historique ».

Que veulent nous faire croire les pros du marketing en notant les morceaux de 1 à 3 étoiles, comme les hôtels ? Que le nombre d’étoiles est un bon indice de qualité. On pourra alors penser qu’un « steak *** » issu d’un élevage industriel hors-sol (le mode de production, ce n’est jamais indiqué) est « de meilleure qualité » qu’un « steak * » provenant d’un élevage extensif d’animaux nourris à l’herbe.

Les premiers critères de qualité sont le mode de production et le régime alimentaire des animaux. Or, on veut nous laisser penser que seuls la catégorie et la tendreté du morceau comptent.

La même problématique que pour le vin

Cette réforme s’oppose à la transparence revendiquée de plus en plus par le consommateur, car elle amène de l’imprécision sur le morceau vendu, ce qui arrange bien l’industriel. Steaks, rôtis, escalopes… On uniformise l’offre ce qui garantit au supermarché de ne jamais manquer une vente : il peut  mettre dans la même catégorie des pièces très différentes.

C’est un des effets négatifs de l’industrialisation des productions.

La même problématique existe pour un autre produit noble : le vin. Les lobbies de l’agroalimentaire voudraient mondialement imposer que le cépage du vin remplace la référence au terroir, c’est mieux pour les affaires. On va aller vers une massification des productions pour disposer de grandes quantités au lieu d’une vraie qualité, et ainsi répondre aux exigences de la grande distribution.

Et la transparence ?

Cette volonté omniprésente de tout standardiser est un comble dans le pays de la gastronomie, où les émissions culinaires n’ont jamais attiré autant d’amateurs. C’est manifestement un nivellement par le bas. Nos dirigeants disent vouloir défendre « l’exception culturelle française » alors qu’ils font chaque jour une autoroute un peu plus large à la grande distribution et aux fast-foods.

Si les industriels de la viande ont un tel désir de réforme, une telle soif d’apporter plus de lisibilité au consommateur, qu’ils mettent donc la même énergie à obtenir l’étiquetage obligatoire du mode d’élevage : plein air ou bâtiments industriels ?

Et la transparence sur l’alimentation donnée aux animaux que nous consommons ? C’est pour quand l’étiquetage obligatoire « nourri aux OGM »? Voilà des informations utiles qui permettraient au consommateur de faire un choix éclairé lors de ses achats de viande.

Il découvrirait que non, les vaches ne sont plus engraissées à l’herbe des prairies ! Pourtant elles le devraient.

 

Cet article a aussi été publié dans une tribune pour Le Plus du Nouvel Obs.