McDo arrête le poulet aux antibiotiques ? Un coup de com’. C’est pourtant un enjeu crucial

Le groupe McDonald’s a promis qu’il ne servirait plus de viande de poulet nourri aux antibiotiques dans ses restaurants américains pour des raisons éthiques. A priori, il s’agirait plus de raisons d’image. Que savons-nous des McChicken et autres nuggets vendus en France ?

L’utilisation d’antibiotiques et d’hormones comme activateurs de croissance est interdite en Europe. Pour le poulet importé, il n’y a aucune garantie, et souvent seule la productivité compte great site. Ces pratiques sont même largement répandues au Brésil, pays dans lequel s’approvisionne McDonald’s France pour une partie de ses poulets.

Activateurs de croissance vs. usage thérapeutique 

Pour le poulet élevé en France, la situation n’est pas claire. Utilisés comme activateurs de croissance, les antibiotiques sont interdits d’usage depuis 2006 en alimentation. Mais leur usage thérapeutique continue dans les élevages industriels, même en préventif, et la différence est parfois floue. Or plus de 80% des poulets produits en France le sont en bâtiments industriels, avec des lots pouvant compter 30.000 poulets de chair. À la moindre détection d’un cas suspect de maladie, les 30.000 poulets reçoivent une dose d’antibiotiques dans l’alimentation ou dans l’eau de boisson.

En élevages hors-sol, la promiscuité est telle que la transmission des maladies est facilitée. Une épidémie serait un risque économique tel que l’exploitant préférera traiter systématiquement tout le lot, mais c’est légal puisque fait sur prescription vétérinaire. Seuls les poulets bio échappent à ce traitement puisque le cahier des charges prévoit de recourir à des moyens alternatifs (huiles essentielles, homéopathie…) et les risques de maladies sont d’autant plus faibles que l’élevage est obligatoirement en plein air.

Les antibiotiques, un enjeu de santé publique

Pourtant, restreindre l’usage généralisé des antibiotiques en élevage est un enjeu de santé publique. Selon le professeur Antoine Andremont de l’hôpital Bichat-Claude Bernard à Paris, trop d’antibiotiques sont utilisés en élevage intensif et il constate une transmission des résistances aux antibiotiques entre les animaux et l’homme. En mangeant de la viande, on mange aussi des bactéries présentes dans cette viande qui peuvent être résistantes aux antibiotiques et nous transmettre les gènes de résistance.

Selon l’enquête de l’UFC Que Choisir du 10 Mars 2014, la situation est inquiétante. L’association de défense des consommateurs a acheté une centaine d’échantillons de volaille (poulet et dinde) en grande surface, sur les marchés et en boucheries, qu’elle a fait analyser.

Résultat : un quart des échantillons de volaille sont contaminés par des bactéries dont 61% sont antibiorésistantes et 23% d’entre elles peuvent même survivre à des antibiotiques utilisés en médecine humaine en dernier recours pour des pathologies graves.

Ne pas exposer davantage la France

L’association exhorte la France à renforcer sa réglementation, et à réduire effectivement l’utilisation des antibiotiques d’au moins 25%. L’UFC demande aussi que dans le cadre des négociations sur l’accord de libre échange transatlantique Etats-Unis/Union Européenne, l’Europe n’allège pas ses normes en matière de sécurité sanitaire (antibiorésistance, hormones de croissance…) de façon à ce que la France ne soit pas demain encore plus exposée.

Mais si McDonald’s devient sensible à l’éthique, alors pourquoi continue-t-il d’acheter des poulets brésiliens, et des poulets français nourris au soja brésilien, quand la culture de ce soja OGM est une cause principale de la déforestation en Amazonie ?

 

 

Cet article a aussi été publié dans une tribune pour Le Plus du Nouvel Obs.